La perdrix bartavelle appartient à la famille des phasianidés qui comprend les perdrix, les cailles et les faisans. Elle ressemble beaucoup à la perdrix rouge avec sa gorge blanche, ses flancs barrés de noir, de roux et de blanc, son bec et ses pattes rouges. Elle s'en distingue par une gorge blanche plus grande bordée d'un collier noir aux limites nettes et sans mouchetures, un dos gris brun et surtout par des plumes des flancs marquées de deux barres noires au lieu d'une. La bartavelle est la plus grande des perdrix (33-43 cm ; 460-770 g). Au printemps, elle vit en couple et la femelle pond 8 à 14 œufs qui éclosent de fin juin à début août. Aux autres saisons, elle vit au sein des compagnies qui regroupent de 2 à 12 individus.
La bartavelle a une prédilection pour les reliefs accidentés, entrecoupés de landes herbeuses ou de bois clairs. Pendant la reproduction, elle habite les versants bien ensoleillés à pente moyenne à forte, de préférence entre 1500 et 2500 m d'altitude. So alimentation se compose exclusivement de feuilles de plantes herbacées pendant la mauvaise saison, auxquelles s'ajoutent durant les beaux jours des fleurs, des graines, des baies et des insectes (surtout des criquets). Bien que sédentaire, la bartavelle peut se déplacer temporairement lors de grosses chutes de neige. Moins bien adaptée aux intempéries que le tétras-lyre ou le lagopède, elle recherche alors des reliefs où la neige est balayée par le vent ou peut descendre à basse altitude dans les vallées, jusqu'à proximité des habitations.
En France, la perdrix bartavelle habite exclusivement le massif alpin. Elle est remplacée par la perdrix rouge à l'ouest. Ces deux espèces s'hybrident au niveau de leurs zones de contact. Ces hybrides, appelés perdrix rochassières, parfaitement viables et fertiles, forment de petites populations dans les préalpes du Sud, entre 1000 et 2000 m. Les densités de bartavelles relevées sur une quinzaine de territoires de référence varient de 1 à 14 couples/100 ha au printemps. Dans notre pays, la perdrix bartavelle est une espèce classée gibier. Sa chasse qui a lieu à l'automne est fortement réglementée.
Après avoir fortement régressé dans toutes les Alpes entre les années 1950 et les années 1980, les effectifs de bartavelle semblent à présent stables ou même en augmentation dans certains massifs nord-alpin depuis 1988-89. La sensibilité de l'espèce aux hivers rigoureux et surtout la modification de son milieu de vie par l'abandon des activités agricoles en montagne sont sans doute à l'origine du déclin de l'oiseau en plusieurs régions. Des conditions climatiques clémentes à la fin des années 1980 et la mise en place de nombreuses réserves et de parcs naturels ont vraisemblablement contribué à la restauration récente des effectifs dans les Alpes du nord. Espèce fragile mais douée de fortes potentialités d'accroissement, la bartavelle peut encore recoloniser des massifs désertés et voir ses effectifs augmenter. L'avenir de la bartavelle dépend essentiellement de l'entretien de milieux ouverts qui lui sont favorables mais aussi de l'application d'une gestion cynégétique adaptée.
L'aire de distribution de la perdrix bartavelle est limitée aux Alpes. Elle est continue sur les massifs internes, de la Haute-Savoie aux Alpes-Maritimes et s'étend également sur une partie des massifs préalpins du sud : du Diois aux Préalpes de Castellane.
L'espèce est présente de façon régulière sur 304 communes (). On note une régression ( et ) de son aire de répartition dans les Préalpes du Sud, principalement au niveau des Préalpes de Castellane. La tendance est inversée dans les Alpes du Nord où l'on note une extension ( et ) de son aire de répartition, principalement dans la partie pré-alpine. L'espèce a recolonisé 31 communes sur lesquelles elle était mentionnée absente lors de l'enquête de la décennie 1990-1999.
Le nombre de communes de présence régulière a diminué de 3 % depuis 1999 et de 42 % depuis les années 60.
Son aire de présence couvre actuellement les parties favorables de 138 unités naturelles, d'une superficie totale de 10 800 km² soit 3 % de moins qu'en 1999.
Son aire de présence couvre actuellement les parties favorables de 138 unités naturelles, d'une superficie totale de 10 800 km² soit 3 % de moins qu'en 1999.
Habitats de reproduction
Une cartographie des habitats potentiels de reproduction de la perdrix bartavelle a été réalisée sur l'ensemble des Alpes. Elle délimite les espaces les plus attractifs () pour la reproduction de cette espèce (altitude favorable, exposition chaude, végétation ouverte). Ces espaces s'étendent sur 4 125 km ², soit environ 38 % de son aire de présence. Ce zonage sert de base au suivi des populations, à la gestion cynégétique et peut orienter la mise en œuvre de mesures de conservation et d'amélioration des habitats.
Habitats d'hivernage
Une cartographie des habitats potentiels d'hivernage a également été établie. Elle permet de délimiter les zones les plus favorables () pour la perdrix bartavelle en hiver à partir des critères d'altitude, de pente et d'exposition.
En 2006, une étude destinée à affiner cette cartographie et à établir une carte des potentialités de présence de la perdrix bartavelle en hiver sur le massif alpin a été initiée. Un dispositif d'échantillonnage a été mis en place sur les régions bioclimatiques des Préalpes du Nord et des Alpes Internes du Nord Orientales. 182 secteurs échantillon () ont été prospectés sur les 368 prévus. Les données sont en cours d'analyse pour étudier la faisabilité de réalisation d'une cartographie des zones d'hivernage potentielles.
Entre 2000 et 2009, l'inventaire des coqs chanteurs a été réalisé sur 18 () des 136 unités naturelles de présence. La densité moyenne suggère une augmentation du nombre de coqs par km² d'habitats de reproduction potentiellement favorables (0,9 coq/km² vs 0,6 coq/km² au cours de la décennie précédente). Sur la base de ces résultats, une estimation de l'ordre de 7 000 perdrix bartavelles adultes peut être avancée au niveau national pour la décennie 2000-2009, mais cette valeur doit être considérée avec beaucoup de prudence au regard du faible nombre d'unités échantillonnées.
Les inventaires laissent supposer que les effectifs sont, depuis la décennie 1990-1999, en forte augmentation dans les Alpes Internes du Sud et Préalpes du Nord (+ 100 à + 60 %), en augmentation dans les Alpes Internes du Nord ( + 20 %) et en diminution dans les Préalpes du Sud (- 50 %).
Le nombre de sites de référence a augmenté depuis le début des années 2000 : actuellement, 30 sites sont suivis contre 18 à la fin des années 90. Les comptages annuels ou bisannuels de coqs chanteurs portent actuellement sur environ 8 % de la population totale estimée.
Les tendances enregistrées au niveau des sites de référence sont cohérentes avec celles enregistrées lors des campagnes d'inventaires. On note une augmentation globale des effectifs. Ceux-ci ont fortement augmenté de 2003 à 2007 puis diminué de façon importante de 2007 à 2009, reflétant les fluctuations importantes d'effectifs qui peuvent exister chez cette espèce.
Le nombre de sites d'échantillonnage au chien d'arrêt a considérablement augmenté au cours de la décennie, et s'est réparti de façon plus homogène sur l'ensemble des Alpes : passant de 5 en 1999 (1 dans les Alpes du Sud, 4 dans les Alpes du Nord) à 19 en 2009, (9 dans les Alpes du Sud et 10 dans les Alpes du Nord). L'effort d'échantillonnage porte sur environ 120 adultes et leurs jeunes.
Le succès de la reproduction varie de façon importante d'une région et d'une année à l'autre (de 0,4 à plus de 4 jeunes par adulte). La reproduction est considérée comme bonne à plus de 2 jeunes par adulte.
Au cours de la décennie 2000-2009, la reproduction a été plutôt bonne dans les Alpes Internes du Nord et les Préalpes du Nord et moyenne dans les Alpes Internes du Sud.
La perdrix bartavelle est chassée dans 6 des 7 départements où elle est présente (chasse fermée dans le 26). Le nombre de jours de chasse est variable selon les départements et les années (parfois nul : de 2000 à 2007 dans le 74, de 2000 à 2005 dans le 04, depuis 2008 dans le 06). La pression de chasse est régulée par un plan de chasse légal (73, 38, 06, 05, 04) et/ou un Prélèvement Maximum Autorisé (1/chasseur/j dans le 05, 1/chasseur/saison dans le 74). Les tableaux sont mieux connus depuis l'instauration du carnet de prélèvements obligatoire en 1998. Le nombre d'oiseaux prélevés au cours de la décennie 2000-2009 a été de 56 en 2002 pour le minimum et de 421 en 2007 pour le maximum.
L'augmentation des effectifs dans les Alpes du Nord s'est accompagnée d'une augmentation des prélèvements : alors que 2/3 des prélèvements avaient lieu dans les Alpes du Sud au début de la décennie 2000-2009, plus de la moitié est réalisée actuellement dans les Alpes du Nord.
L'évolution des prélèvements () est comparable à l'évolution des effectifs enregistrée sur les sites de référence () : augmentation importante des prélèvements entre 2003 et 2007 puis baisse en 2008. Les prélèvements ont cherché à s'adapter au plus juste aux variations des effectifs ainsi qu'à celle de l'indice de reproduction.
Sans intégrer la production annuelle moyenne de jeunes, le taux de prélèvement moyen sur la décennie 2000 représente environ 3 % des effectifs moyens estimés.
A ce jour, 38 cas de collision de perdrix bartavelle, impliquant 27 téléskis, 5 télésièges, 4 câbles de transport d'explosifs et 2 télécabines, ont été répertoriés sur 13 () des 189 stations alpines. Les portions à risque ont été portées à la connaissance des responsables des domaines skiables pour les inciter à mettre en place les dispositifs de visualisation. 7 des 27 téléskis identifiés comme dangereux ont été visualisés.