Description |
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Le Tétras-lyre est un oiseau de taille moyenne, au dimorphisme sexuel accentué. Le coq pèse 1,3 kg et présente un plumage à dominante noire. Ses longues rectrices externes, incurvées en forme de lyre, ainsi que les barres alaires blanches, bien visibles au vol, sont caractéristiques. La poule est plus petite avec un poids de 900 gr, son plumage est brun-roux barré de gris et de noir. Sa queue, plus courte, est légèrement échancrée. |
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Reproduction et survie |
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Un mâle peut s'accoupler avec plusieurs femelles. Au printemps, les mâles rentrent en compétition sur des sites de parade traditionnels, les places de chant, où ils développent des exhibitions spectaculaires allant jusqu'à des combats et où ont lieu les accouplements. Ensuite, les femelles s'occupent seules de la couvaison des œufs et de l'élevage des nichées jusqu'à la fin août début septembre. En moyenne, on compte 3,4 jeunes par nichée. |
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Habitat |
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Le Tétras lyre est typiquement un oiseau de l'interface entre la forêt et les milieux ouverts. Dans les Alpes, il se rencontre à la lisière supérieure des arbres entre 1400 et 2300 m d'altitude. Le facteur limitant essentiel est la présence d'une strate herbacée ou d'éricacées bien développée, indispensable à l'élevage des nichées. Dans la partie nord, son habitat typique comprend les landes à rhododendrons et les prairies subalpines piquetées de quelques résineux. Dans les Alpes du sud, il occupe des formations plus variées allant des forêts claires de mélèze et de pins à des pré-bois clairs de chênes et hêtres. Il occupait autrefois aussi les landes tourbeuses et les lisières des chênaies dans les Ardennes. |
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Etat des populations en France |
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En France, avec sa disparition récente des Ardennes, le Tétras lyre n'est plus présent que dans les Alpes, de la Haute Savoie aux Préalpes du sud et aux Alpes maritimes, il est absent des Pyrénées. Son aire de distribution alpine couvre environ 10200 km2 pour un effectif estimé en 2009 à 16600 adultes, en baisse de 11% par rapport à la décennie précédente. Les tendances varient cependant selon les régions, le déclin est très marqué dans les Préalpes du sud en limite d'aire, moins marqué dans les Préalpes et Alpes internes du nord et la population est stable dans les Alpes internes du sud. |
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Menaces |
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Les principales menaces qui pèsent sur cette espèce sont la dégradation des milieux liée à la déprise pastorale qui conduit à la fermeture des habitats, ansi que le développement des infrastructures touristiques qui impactent plus de 30% de l'aire de présence dans les Alpes du nord. Avec le développement spectaculaire des loisirs hors pistes, la plupart des populations sont maintenant aussi touchées par le dérangement hivernal qui dégrade la condition physique des oiseaux.
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Aspects cynégétiques |
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L'espèce est chassée (coqs maillés uniquement) dans presque tous les départements alpins (sauf le Var) avec un plan de chasse légal progressivement mis en place à la fin des années 1990 et généralisé depuis 2010. Il fixe chaque année des quotas départementaux en fonction du succès de la reproduction. Cette réglementation a conduit à une baisse importante du tableau de chasse qui est passé de plus de 1000 coqs au début des années 2000, à moins de 400 actuellement. Il représente actuellement moins de 5% de la population automnale de coqs. |
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Suivi du réseau O.G.M. |
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L'O.G.M. conduit deux protocoles de suivi du Tétras lyre depuis les années 1990 : 1/comptage des mâles chanteurs au printemps sur 53 sites de références et 2/suivi du succès de la reproduction par comptage au chien d'arrêt en août sur un échantillon de plusieurs centaines de poules réparties sur 66 unités naturelles. |
Au cours de la décennie 2000-2009, la présence régulière de l’espèce () a été attestée sur 557 communes de la zone alpine contre 653 au cours de celle de 1990-1999. Entre la décennie 1990-1999 et la décennie 2000-2009, la lente contraction de son aire de répartition, amorcée au niveau de ses contreforts occidentaux à partir des années 60, s’est poursuivie. Celle-ci est particulièrement marquée dans les Préalpes du Sud (Diois, Baronnies, Ventoux-Lure, Préalpes de Digne et de Castellane) et les Préalpes Maritimes ; l’espèce ayant disparu sur 25 communes des Alpes Maritimes, des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence. Dans les Alpes du Nord, son aire de répartition est restée sensiblement la même avec, néanmoins, une légère dégradation de son statut dans les Bauges.
L'espèce ne s’est pas maintenue dans les Ardennes. Elle a disparu des six communes signalées en présence sporadique () au cours de la décennie 1990-1999.
Le nombre de communes de présence régulière () du tétras-lyre a diminué de 15 % depuis 1999 () et de 25 % depuis les années 60 (et ).
Son aire de présence () couvre actuellement les parties favorables de 192 unités naturelles, d’une superficie totale de 10 288 km² soit 9 % de moins qu’en 1999.
Une cartographie des zones d’hivernage (), de chant () et de nichées () a été réalisée dans les années 1990 sur l’ensemble des Alpes. Cette cartographie à dire d’expert est très hétérogène en fonction de la zone géographique considérée. Elle n’a pas été réactualisée.
Outre la carte, établie dans les années 1990, des zones d’hivernage et de reproduction connues des observateurs de terrain pour être occupées par l’espèce, les cartographies des zones potentielles de reproduction et d’hivernage sont désormais disponibles.
La cartographie des zones potentielles de reproduction a été réalisée, sur l’ensemble des Alpes, à partir de l’examen de la répartition des observations de coqs chanteurs et de nichées de tétras-lyre (effectuées lors des comptages organisés par les membres de l’O.G.M) selon la distance à la lisière supérieure de la forêt, la pente, l'exposition et le type de végétation. La carte, utilisée comme base pour définir le type de végétation, est issue d’une combinaison de la carte des types d’utilisation des terres Corine Land Cover et celle des types de peuplements forestiers de l’Inventaire Forestier National. Cette carte ne permet pas de délimiter avec précision les habitats favorables, mais autorise néanmoins la distinction de zones à potentialité :
Ce "pré-zonage" permet de localiser, à l’échelle des massifs, les secteurs qui méritent une attention particulière ( et ). Ces secteurs couvrent 3 160 km² soit 31 % de la surface des unités de présence du tétras-lyre.
Cette cartographie se veut un outil destiné à attirer l'attention des gestionnaires territoriaux, des acteurs socio-économiques et des autorités de contrôle sur des espaces dont l'intérêt peut être important pour la conservation de l'espèce.
La cartographie des zones potentielles d’hivernage est disponible uniquement pour les Alpes du Nord. Cette cartographie est le résultat d'une modélisation statistique qui a permis de relier certaines caractéristiques de l'environnement et la présence hivernale du Tétras lyre. La prédiction est basée sur des variables de végétation et de relief (pente, exposition, altitude) elle classe chaque pixel de 1 ha en 2 modalités, de conformité ou non-conformité à l'habitat d'hivernage.
La cartographie des zones potentiellement favorables pour la reproduction n’est pas suffisamment précise pour évaluer l'impact d'un projet ou mettre en œuvre une action locale de conservation. Elle est à compléter par une expertise de terrain. Pour ce faire, une méthode standardisée de diagnostic des habitats de reproduction a été établie en 2009 par l’O.N.C.F.S. et l’O.G.M. La strate altitudinale occupée par le tétras-lyre est subdivisée en mailles d’un hectare qui sont prospectées et codifiées selon les critères d’exigence des poules : strate herbacée mésophile (c’est-à-dire d’humidité moyenne) > 50 %, recouvrement ligneux en bouquets > 10 %. Pour être optimale, cette prospection doit être réalisée la première quinzaine de juillet. Elle permet d’évaluer, pour chaque maille à diagnostiquer, le taux de recouvrement des ligneux et de la strate herbacée mésophile d’une hauteur de 25 à 50 cm et ainsi de localiser les milieux favorables, marginaux et/ou potentiellement favorables et ceux sans intérêt.
Après étude de la répartition et de la surface des mailles favorables, le diagnostic permet de voir les possibilités de connexions et/ou d’extensions des mailles favorables pour obtenir un ensemble de 20 ha d’un seul tenant constituant le domaine vital moyen d’une poule pour élever ses poussins.
La cartographie des zones potentiellement favorables pour l’hivernage, bien qu’à l’échelle de l’hectare, a besoin d’être affinée sur le terrain pour pouvoir mettre en œuvre des actions locales de conservations (mise en défens, …). Une méthode standardisée de diagnostic des habitats d’hivernage a été établie entre 2010 et 2012 par l’O.N.C.F.S dans le cadre d’une convention de recherche (ONCFS/FDC 38). Elle a un double objectif : délimiter les habitats utilisés par les tétras-lyres en hiver et quantifier et qualifier les activités touristiques et récréatives en leur sein. Le diagnostic se veut une expertise partagée entre les professionnels du tourisme, les pratiquants et les propriétaires et gestionnaires d’espaces naturels pour définir collectivement des orientations de gestion propres à maintenir, voire améliorer, l’état de conservation des habitats d’hivernage
La strate altitudinale occupée par le tétras-lyre est subdivisée en mailles d’un hectare qui sont prospectées, sept jours après une chute de neige importante (décembre-mars), et codifiées en fonction de la nature et de l’intensité des activités touristiques et récréatives exercées. Ces mêmes mailles sont parcourues à la fonte des neiges (avril-mai) pour localiser les crottiers existants et les zones potentielles d’hivernage au travers de relevés des caractéristiques de la végétation.
De 2000 à 2009, les coqs chanteurs ont été comptés sur un échantillon de 74 unités naturelles (), soit un peu plus du tiers des unités de présence.
En considérant un rapport des sexes équilibré, la population de tétras-lyre a été évaluée à 16 600 adultes pour la décennie 2000-2009, soit une tendance à la baisse (non significative au plan statistique) de l’ordre de 10 % par rapport à la décennie 1990-1999.
Cette baisse est variable d’une région géographique à l’autre. Elle est de - 30 % dans les Préalpes du Sud, - 11 % dans les Alpes Interne du Nord et - 6 % dans les Préalpes du Nord. Elle est très faible voire quasi-nulle dans les Alpes Internes du Sud.
Ce programme permettait de fournir un effectif moyen décennal. Il a été abandonné en 2010 dans l’attente d’un nouveau protocole qui devrait permettre d’avoir une estimation de l’abondance tous les 2 ans.
Les tendances enregistrées, entre 1990 et 2012, au niveau des sites de référence sont cohérentes avec celles enregistrées lors des campagnes d’inventaires : baisse importante dans les Préalpes du Sud (- 73 %), diminution dans les Alpes du Nord (- 9 % dans les Alpes Internes du Nord, - 26 % dans les Préalpes du Nord) et baisse moins marquée dans les Alpes Internes du Sud (- 6%).
Les taux de variation sont néanmoins plus importants : :- 41 à - 11 % dans les Préalpes du Nord,- 32 à 14 % dans les Alpes Internes du Nord, - 99 à - 46 % dans les Préalpes du Sud,- 30 % à + 19 % dans les Alpes Internes du Sud. Cette "différence" résulte pour partie de l’étalement des inventaires sur une période de 10 ans. Pendant la campagne d’inventaires 2000- 2009, par exemple, les effectifs ont eu tendance à augmenter jusqu’en 2004 puis à diminuer, de façon plus importante, par la suite. La valeur moyenne décennale ne rend pas compte de ce "phénomène" qui peut être appréhendé par contre sur les sites de "référence" (les deux programmes sont complémentaires et adaptés à des problématiques de gestion différentes).
Les comptages au chien ont été réalisés, jusqu’en 2008, sur 69 sites mis en place sur l’ensemble des Alpes au gré des opportunités. Ils portaient, en moyenne, chaque année sur quelques 500 poules et leurs jeunes.
Depuis 2009, l’estimation du succès de la reproduction est basée sur les résultats de prospections au chien sur un échantillon stratifié d’unités naturelles (au nombre de 85) ce qui permet d’assortir l’indice de reproduction de son intervalle de confiance. L’effort d’échantillonnage porte actuellement sur plus de 620 poules réparties sur 84 sites.
Le succès de la reproduction est susceptible de varier de façon importante d’une région et d’une année à l’autre : de 0,5 à plus de 2 jeunes par poule. Le succès de la reproduction est susceptible de varier de façon importante d’une région et d’une année à l’autre (de 0,5 à plus de 2 jeunes par poule). Hormis quelques années de bonne reproduction (indice > 1,8 jeunes/poule) dans les Alpes Internes du Nord et trois années de mauvaise reproduction (indice < à 1 jeune/poule) dans les Préalpes du Nord et les Alpes Internes du Nord, l’indice de reproduction est resté globalement moyen, au cours de la décennie, c’est-à-dire compris entre 1 et 1,8 jeunes par poule.
La chasse du coq de tétras-lyre est autorisée au niveau national du troisième dimanche de septembre au 11 novembre, soit en général 30 à 40 jours. Elle est interdite dans le Var et soumise à plan de chasse dans tous les départements alpins Le nombre d’oiseaux prélevés au cours de la décennie 2000-2009 a été au minimum de 331 en 2008 et au maximum de 1153 en 2000. Les 2/3 ont été prélevés dans les Alpes du Nord.
Le suivi des prélèvements, au travers des carnets de prélèvements, atteste d’une baisse importante de ceux-ci au cours de la décennie 2000-2009 de l’ordre de 58 %.
Le taux de prélèvement moyen sur la décennie 2000, par rapport aux effectifs moyens de coqs chanteurs estimés, représente environ 10 % des effectifs.
Toutes les espèces de galliformes de montagne subissent des pertes dues aux collisions dans les câbles, mais l’espèce qui paie le plus lourd tribut aux remontées mécaniques dans les Alpes est le tétras-lyre. Sur 80 () des 255 domaines skiables, la mortalité d’environ 500 tétras-lyres a été rapportée depuis la mise en place du programme d’inventaire des câbles aériens dangereux en 1993, ce qui représente 70 % des cas de mortalité signalés dans les Alpes.
A l’origine de ces collisions, 239 téléskis, 66 télésièges et 18 autres infrastructures (télécabines, téléphériques, catex, …). Les téléskis s’avèrent être les infrastructures les plus dommageables pour le tétras-lyre.
Les dispositifs de visualisation mis au point permettent de réduire considérablement les risques de collisions. Depuis le début du programme, 75 portions de câbles dangereuses pour le tétras-lyre (1 catex, 70 téléskis et 4 télésièges) ont été visualisées sur 34 stations ().