Perdrix grise des Pyrénées ©Vincent Parmain |
Autrefois largement répandues sur la plupart des massifs montagneux français, les populations naturelles de perdrix grise de montagne se limitent aujourd'hui aux populations de perdrix grise des Pyrénées, rattachées à la sous-espèce Perdix perdix hispaniensis. Un noyau relictuel de perdrix grise de montagne, non apparenté à la sous-espèce hispaniensis, subsistait encore sur quelques communes du Mont- Lozère à la fin des années 1990, mais son statut actuel est incertain.
Perdrix grise des Pyrénées ©Jean-Pierre Frances |
La perdrix grise des Pyrénées est un gallinacé de petite taille, au dimorphisme sexuel peu marqué, les coqs pesant 315-385 g contre 300-365 g pour les poules.
Les oiseaux des Pyrénées sont plus légers que ceux du nord de la France et présentent un plumage plus sombre.
Chez le coq, le front, les côtés de la tête et la gorge sont roux orangé, le dos gris brunâtre, les flancs gris largement barrés de roux, le ventre gris marqué d'un fer à cheval brun sombre, parfois incomplet.
Chez la poule, le roux de la tête est plus pâle, le dos est brun-noirâtre rayé transversalement et le fer à cheval sur le ventre est absent ou incomplet.
Les deux sexes présentent des taches claires en forme de losange sur les plumes du haut du dos et du cou et on peut noter la présence assez régulière de taches noires sur la partie rousse des rectrices.
C'est une espèce monogame dont la formation des couples peut intervenir dès le mois de février. Le couple utilise au printemps et en été un domaine vital réduit de moins de 15 ha.
Poussin de perdrix grise ©Michel Clemente |
L'espèce est strictement sédentaire, mais des déplacements importants peuvent être notés, jusqu'à 13 km à l'occasion de la dispersion printanière et 20km en hiver lors de chutes de neige exceptionnelles. La taille des pontes varie entre 14 et 18 œufs et il peut y avoir plusieurs pontes de remplacement. L'élevage de la nichée est assuré par le couple. En août, on compte en moyenne un peu plus de 3 jeunes par adulte. Les jeunes atteignent leur taille adulte à la mi-octobre mais ne quittent pas le groupe familial avant le printemps suivant. Tous les oiseaux se reproduisent dès l'âge d'un an.
La perdrix grise des Pyrénées est une espèce caractéristique des landes et pelouses situées aux expositions chaudes, depuis le haut de l'étage montagnard jusqu'à la base de l'étage alpin.
Habitat de la perdrix grise ©Claude Novoa |
Toutes saisons confondues, l'occurrence de l'espèce est maximale :
Oiseau généralement considéré comme caractéristique des milieux ouverts, la perdrix grise des Pyrénées affectionne en fait l'alternance de pelouses et de landes, avec des recouvrements en ligneux bas variables mais toujours supérieurs à 40 %.
A l'automne, les reposoirs à troupeaux, caractérisés par l'abondance des plantes nitrophiles, sont particulièrement attractifs pour les oiseaux. En hiver, l'utilisation de l'habitat dépend de l'importance de l'enneigement. L'oiseau utilisera, selon les cas, soit les mêmes habitats qu'en période de reproduction, soit les pelouses rases d'altitude régulièrement déneigées par le vent ou encore les zones de cultures situées à basse altitude (céréales, prairies de fauche).
En France, la présence régulière de la perdrix grise des Pyrénées a été attestée, au cours de la décennie 2000-2009, sur 306 communes réparties sur les six départements pyrénéens. L'aire de répartition est continue d'ouest en est de la chaîne et n'a pratiquement pas varié au cours des quarante dernières années.
Les densités varient en fonction des milieux et surtout des années. Au printemps, les densités dépassent rarement les 2-3 couples pour 100 ha. Les populations de perdrix grises des Pyrénées se caractérisent par de fortes fluctuations d'abondance, trouvant probablement leur origine dans les variations interannuelles de survie hivernale (conditions météorologiques, chasse, prédation) et de réussite de la reproduction.
La fermeture des landes d'altitude, avec pour stade ultime leur reforestation, constitue la principale menace pour la conservation de l'espèce à long terme. A l'inverse, la reconquête des parcours d'altitude par des opérations d'amélioration pastorale trop radicales peut entrainer des pertes d'habitat, car ces aménagements aboutissent localement à l'élimination totale du couvert de reproduction.
La perdrix grise des Pyrénées est une espèce qui présente un fort intérêt cynégétique comme en témoignent les tableaux de chasse annuels qui ont varié de 1000 à 2300 oiseaux entre 2000 et 2009. Pour limiter localement l'impact de la chasse, il est nécessaire d'adapter les possibilités de prélèvements aux niveaux des populations avant chasse. Le développement des comptages d'été dans la cadre de l'Observatoire des Galliformes de Montagne permet de répondre à cette nécessité.
Jusqu'à un passé récent, des lâchers de perdrix grises de plaine à des fins cynégétiques étaient régulièrement réalisés en zone de montagne. Ces pratiques sont aujourd'hui interdites sur l'ensemble des départements pyrénéens et les récentes études génétiques menées sur le sujet ont montré que l'intégrité génétique des populations d'hispaniensis était encore aujourd'hui largement préservée.
Place de pouillage ©Alain Sauvage |
La perdrix grise des Pyrénées fait l'objet de deux protocoles de suivi par le réseau O.G.M.
Repartition communale de la perdrix grise des Pyrénéees en 2009 – Source OGM - Bilan décénnal 2000-2009 |
Au cours de la décennie 2000-2009, la présence régulière () de la perdrix grise a été attestée sur 306 communes des 6 départements pyrénéens. Sa distribution est continue sur la haute chaîne d'ouest en est.
Son aire de répartition sur les Pyrénées n'a quasiment pas changé en quarante ans, avec une régression de seulement 6 % du nombre de communes de présence régulière de l'espèce.
Elle couvre actuellement, au moins en partie, 90 unités naturelles, qui représentent une superficie totale de 5 880 km².
Exemple de cartographie à dire d'expert des habitats potentiel de reproduction de la perdrix grise des Pyrénées - source OGM- Bilan décennal 2000-2009 |
Seules certaines zones (altitude, exposition, végétation) conviennent à la perdrix grise pour nicher et élever ses jeunes. La cartographie à dire d'expert de ces "habitats potentiels de reproduction" s'est poursuivie au cours de la décennie 2000-2009.
Ce travail est long car il nécessite obligatoirement une phase de terrain afin de délimiter et de décrire ces habitats (type de végétation, taux de recouvrement, hauteur). Il a tout de même bien avancé puisque de six unités naturelles traitées en 1999, nous en sommes aujourd'hui à vingt.
Les habitats potentiels de reproduction couvrent en moyenne 20 % de la superficie de l'unité naturelle, mais cela peut beaucoup varier d'une unité naturelle à une autre (de 8 à 28 % pour les 16 unités naturelles entièrement cartographiées).
Cette cartographie est très utile : elle sert de référence pour le suivi des populations, la gestion cynégétique, la conservation et l'amélioration des habitats.
Des modélisations de ce type d'habitats ont été testées à partir de cartographies de la végétation (Corine Land Cover,I.F.N.) mais jusqu'à présent aucune ne permet de s'abstenir du travail de relevés sur le terrain. Elles permettent simplement un pré-zonage grossier des habitats potentiellement favorables à la reproduction. Une approche plus prometteuse à partir d'interprétation d'images satellites est à l'étude (O.N.F. 66).
Travaux d'ouverture en mosaique © Sébastien Déjean |
De nombreux partenaires de l'O.G.M. ont réalisé de façon ponctuelle des aménagements dont le but est d'améliorer l'habitat de la perdrix grise des Pyrénées. Ces aménagements ont surtout été réalisés au cours de ces 10 dernières années , notamment à travers le programme Interreg Gallipyr.
Il s'agit principalement d'opérations dont l'objectif est de créer une mosaïque constituée à la fois
Jusqu'à présent, ces actions n'ont pas été répertoriées de façon systématique par l'O.G.M.
Travaux de réouverture du milieu par broyage mécanique© FDC 65 |
Une brochure technique a été rédigée par certains partenaires de l'OGM dans le cadre du programme INTERREG Gallipyr afin de concilier préservation de l'espèce et pratiques pastorales.
Brochure Perdrix grise des Pyrénées réalisée dans le cadre de Gallipyr
Dans les années à venir, l'O.G.M. pourra intégrer ces informations qui serviront de base au recueil systématique des actions de restauration des habitats.
Les comptages au chien réalisés au mois d'août permettent d'estimer à la fois
Comme les jeunes perdrix grises sont parfois difficiles à distinguer des adultes, il arrive que l'on sous-estime le nombre d'adultes lors des comptages au chien, ce qui peut entraîner une surestimation de l'âge-ratio. De plus, un bon âge-ratio, n'est pas toujours synonyme d'abondance, car les nichées sur un site donné peuvent être rares.
Pour ces raisons, l'O.G.M. a pris le parti à partir de l'année 2008 de ne présenter dans ses bilans démographiques que les estimations d'abondance qui reflètent non seulement la réussite de la reproduction (âge-ratio) mais aussi la densité des nichées.
Que ce soit pour l'abondance ou l'âge-ratio, la validité des estimations dépendra avant toute chose de l'effort de prospection, autrement dit des superficies couvertes lors des comptages dans le cas de l'abondance ou du nombre total d'adultes observés dans le cas de l'âge-ratio.
Densité de perdrix grise (oiseaux par km2) – Source OGM - Bilan décénnal 2000-2009 |
Le programme de suivi démographique par dénombrement des oiseaux à l'aide de chiens d'arrêt en été s'est beaucoup développé au cours des dix dernières années.
Pour preuve, en 2009, 38 des 90 unités naturelles ont fait l'objet d'inventaires au chien d'arrêt contre 22 en 1999. L'effort d'échantillonnage est important et constant depuis 2003 avec plus de 80 km² prospectés chaque année.
Entre 2002 et 2009, les densités observées sur les unités naturelles suffisamment prospectées ont varié de 0 à 50 perdrix grises par km². En moyenne, les densités observées sur l'ensemble des unités naturelles varient entre 7 et 17 perdrix grises par km² selon les années.
Les densités accusent donc des fluctuations marquées d'une année à l'autre par unité naturelle mais sur l'ensemble des unités elles montrent une relative stabilité, comme l'illustre la figure ci-dessus.
Chaque année, ces comptages permettent d'estimer les prélèvements cynégétiques admissibles. Par exemple, lorsque la densité est inférieure à 10 oiseaux par km², il est recommandé de ne pas chasser car ces densités ne permettent pas de compenser la mortalité naturelle. Au-delà de ce seuil de 10 oiseaux par km², les prélèvements admissibles sont modulés en fonction des densités observées en été.
Les comptages d'été regroupent la mesure de deux paramètres au sein des populations de perdrix grises : les densités d'adultes et le taux de reproduction annuel. On ne peut donc pas se baser sur les résultats présentés ci-dessus pour estimer la tendance des effectifs d'adultes, d'où la nécessité des comptages au chant.
Le nombre de sites suivis chaque printemps a globalement augmenté au cours de la décennie 2000-2009, même s'il reste faible : ils sont passés de trois à huit sur l'ensemble des Pyrénées. La plupart d'entre eux se situent dans les Pyrénées Orientales. En effet, ce programme de suivi constitue le seul outil que les Réserves Naturelles Catalanes possèdent pour étudier la démographie de l'espèce car elles n'effectuent pas de comptages au chien d'arrêt sur leurs espaces protégés. Tous sites confondus, ce suivi porte en moyenne sur une trentaine de coqs. Depuis 2000, sur la totalité des sites suivis sur la chaîne, les densités ont varié de 1 à 2,6 coqs/km².
La chasse de la perdrix grise des Pyrénées est possible sur les six départements du massif des Pyrénées. Le nombre de jours de chasse autorisés varie de 5 à 41 selon le département.
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Il existe une grande hétérogénéité des mesures proposées sur cette espèce.
En 2009 par exemple, les différentes réglementations sont : Prélèvement Maximum Autorisé (de 3 perdrix par chasseur et par an pour la Haute-Garonne à 2 perdrix par jour et par chasseur pour les Hautes-Pyrénées ou encore 20 perdrix par chasseur et par saison pour l'Ariège) et il existe également un plan de prélèvement départemental (64) ou associé à certains territoires communaux ou à l'ensemble des forêts domaniales des Pyrénées.
Densité estimée et évolution des prélèvements - source OGM- bilan décennal 2000-2009 |
Chaque année, le nombre d'oiseaux prélevés est connu grâce au carnet de prélèvements, obligatoire depuis 1998. De 2000 à 2009, les prélèvements annuels ont varié entre un minimum de 1029 oiseaux en 2002 et un maximum de 2 324 en 2006.
L'évolution des prélèvements ne montre pas de tendance particulière, mais leurs fluctuations annuelles sont rigoureusement parallèles à celles des densités observées en août. Cette observation, parfaitement illustrée par la figure ci-contre, suggère que les estimations d'abondance sont acceptables.
Bien que moins touchée que d'autres espèces de galliformes, la perdrix grise ne reste pas moins victime de collisions avec des câbles de remontées mécaniques
Depuis le début de l'enquête dans les stations de ski, 37 cas de mortalité de perdrix grises ont été rapportés, ce qui correspond à 23 % de la totalité des cas de mortalité de l'avifaune enregistrés dans les Pyrénées. A l'origine de ces collisions, 15 téléskis et 2 télésièges, répartis sur 10 stations parmi les 30 en activité.
A ce jour, aucune de ces infrastructures où un cas de mortalité de perdrix grise a été signalé n'a été visualisée.
Par contre, d'autres infrastructures signalées comme dangereuses pour d'autres espèces ont été visualisées. Ainsi, en 2013, sur l'ensemble du massif des Pyrénées, 36 infrastructures sont équipées de systèmes de visualisations soit
Cloture dangereuse équipée d'un dispositif de visualisation © Emmanuel Menoni |
Six cas de mortalité de perdrix grise par collision avec des clôtures ont également été rapportés. 19 cas sont signalés toutes espèces confondues.