Coq paradant ©Bernard Bellon |
C'est le plus imposant des tétraonidés et celui qui présente le dimorphisme sexuel le plus marqué.
Le mâle ou coq ne peut être confondu avec sa taille imposante, sa grande queue et son plumage entièrement sombre avec des sous alaires blanches.
La femelle ou poule par contre, se confond avec le milieu environnant grâce à son plumage dominé par le roux, chamarré de brun et de blanc.
Poule de Grand tétras ©Bernard Bellon |
Deux sous-espèces, génétiquement et écologiquement bien différenciées, existent en France,
- Tetrao urogallus major dans les Vosges et le Jura, avec un poids de l'ordre de 4 kg pour les coqs et de 2 kg pour les poules.
- Tetrao urogallus aquitanicus dans les Pyrénées, d'un poids inférieur (environ 3,2 kg pour les coqs, 1,5 kg pour les poules).
Parade sur place de chant ©Jean François Marsalle |
En nature, un coq peut atteindre une 12aine d'année, un peu moins chez les poules.
Le Grand Tétras est polygame, sa maturité sexuelle est atteinte à 1 an, mais à cause de la compétition entre les coqs, ceux-ci ne prennent une part effective à la reproduction que plus tard, sur des arènes ou places de chant traditionnelles qui drainent de 2 à 10 coqs (exceptionnellement jusqu'à 30).
La poule après s'être accouplée avec le coq dominant, s'occupe seule de la couvaison d'une ponte de 4-9 œufs et de l'élevage de la nichée. Environ 45% des poules (entre 30% et 50% suivant les années) mènent à terme une nichée qui comptera en moyenne 2.4 jeunes fin Aout.
Habitat d'hivernage Pyrénéen ©Emmanuel Menoni |
Il occupe principalement les futaies résineuses de montagne
- entre 800 et 1400 m dans les Vosges et le Jura
- jusqu'à 2400 m dans les Pyrénées.
Les forêts occupées sont caractérisées par un recouvrement modéré de la futaie et des strates arbustives qui permet à de grandes plages herbacées ou d'éricacées de se développer.
Habitat à nichées Pyrénéen ©Emmanuel Menoni |
Ce sont typiquement de vieilles pessières, hêtraies-sapinières ou pineraies sylvestres ou à crochets poussant sur des sols pauvres.
La sous-espèce pyrénéenne est plus éclectique puisqu'elle occupe aussi des hêtraies ou chênaies claires, et même des milieux très peu forestiers (landes et prairies montagnardes et subalpines), particulièrement lors de la ponte et de l'élevage des jeunes.
Pyrénées : Population la plus fournie, elle est estimée en 2013 à environ 3700 individus [de 3200 à 4400].
Vosges et le Jura : le Grand tétras y est fortement menacé avec respectivement, plus que 100 et 340 adultes en 2010.
Alpes : Le Grand tétras y a récemment disparu
Cévennes : une petite population (~30 à 50 adultes) issue de réintroduction se maintient dans le parc national des Cévennes.
Les menaces qui pèsent sur cette espèce très sensible sont nombreuses :
Protégé dans l'est de la France et tous les pays limitrophes, le Grand tétras reste un gibier (coqs seulement) dans les Pyrénées françaises, où il est désormais chassable soit sous plan de chasse, soit sous plan de gestion cynégétique.
Les tableaux de chasse, dont la déclaration est obligatoire, se situent entre 19 et 30 coqs pour les années 2009 à 2013 (de l'ordre de 100 à la fin des années 1990).
La sous-espèce pyrénéenne fait l'objet de deux protocoles de suivi par le réseau O.G.M.
Repartition communale du Grand Tétras en 2009 |
Au cours de la décennie 2000-2009, la présence régulière
() du grand tétras a été attestée sur 418 communes de 13 départements (bilan décennal 2000-2009-OGM).
En résumé, en France, le nombre de communes ayant enregistrées une présence régulière du Grand Tétras a régressé en 50 ans de :
- 11% pour la sous-espèce Pyrénéenne : Tetrao urogallus aquitanicus.
- 78% pour la sous-espèce Vosgienne : Tetrao urogallus major.
Ce qui donne à l'échelle nationale une diminution de 52 %.
Le grand tétras n'occupe pas toute la surface du massif pyrénéen, mais seulement certains habitats: la tranche altitudinale qui circonscrit au mieux les habitats occupés par le grand tétras définit un certain nombre d'unités spatiales, appelées unités naturelles. Ces unités naturelles sont regroupées en régions naturelles, puis en régions géographiques et enfin en massif. Elles sont à la base de tous les dispositifs de suivi démographique de l'OGM.
Sur le massif des Pyrénées, son aire de présence couvre actuellement les parties favorables de 92 unités naturelles, d'une superficie totale de 5 236 km², soit 2 % de moins qu'en 1999.
Cartographie à dire d'experts des sites vitaux du Grand Tétras– Source OGM - 2009 |
La cartographie à dire d'experts dessites vitaux pour le grand tétras a été mise à jour et complétée en 2009 pour l'ensemble des Pyrénées. Elle est désormais beaucoup plus homogène.
En effet, grâce à la participation de la totalité des partenaires de l'O.G.M. ont été renseignées sur toutes les régions pyrénéeennes
Ces sites vitaux couvrent 1 702 km² - contre 700 km² il y a 10 ans - ce qui ne signifie pas une forte expansion de ces sites, mais par contre témoigne bien de l'avancée des connaissances et du travail de cartographie.
Ces données sont très utiles dans de nombreux cas : comptages, mise au point des protocoles de suivi, études d'impact pour des projets d'aménagements du territoire, délimitation des zones à préserver (Natura 2000, ZNIEFF, Trame verte...). Étant donné leur sensibilité, elles sont transmises avec précautions
De nombreux partenaires de l' O.G.M. ont réalisé de façon ponctuelle des chantiers dont le but est d'améliorer l'habitat du grand tétras au cours de ces 30 dernières années. Il s'agit :
Trouées dans les peuplements forestiers ©Pierre Menaut |
Travaux d'amélioration d'habitat à nichées ©Emmanuel Menoni |
Mosaique 10 apres les travaux d'amélioration d'habitat réalisés par l'ONF ©Emmanuel Menoni |
Jusqu'à présent, ces actions n'ont pas été recensées de façon systématique par l'O.G.M.
L'O.N.C.F.S. réalise ponctuellement l'évaluation de ces certains de ces travaux, du point de vue de la réponse du grand tétras, de la végétation et de certains éléments de la biodiversité. A l'évidence, l'emprise des travaux réalisés est toujours attractive pour les tétras et des nichées y sont régulièrement observées.
Un manuel intégrant entre autre les résultats de ces travaux et intitulé «Réflexion technique pour la prise en compte du Grand tétras dans la gestion forestière Pyrénéennes » a été rédigé par certains partenaires de l'OGM dans le cadre du programme européen Gallipyr.
L'O.G.M. pourrait intégrer ces différentes informations qui serviraient de base au recueil systématique des actions de restauration des habitats dans les années à venir.
L'échantillonnage de la population de grand tétras est réalisé au printemps, période de reproduction où les mâles se regroupent sur des places de chant pour parader et attirer les femelles.
La position de ces places bouge peu d'une année à l'autre. Les comptages permettent de déterminer le nombre de mâles chanteurs par place de chant.
Durant la décennie 2000-2009
10 unités naturelles pyrénéennes ont été inventoriées dans leur intégralité. Elles représentent 12 % de la surface de l'ensemble des unités naturelles où l'espèce est présente. Les densités ainsi obtenues varient de 0,3 à 1,2 coqs par km² selon les unités. Cependant l'échantillon sur lequel elle porte est réduit et non représentatif de l'ensemble des Pyrénées.
Places de chant actives, indéterminées |
A partir de 2010
Une nouvelle stratégie d'échantillonnage probabiliste a été mise en place sur les Pyrénées en 2010.
Son objectif est d'estimer les effectifs de mâles chanteurs dans les différents compartiments géographiques et ce tous les 2 ans. Ce dispositif se base sur la définition de 3 types de places de chant auquel est appliqué un dispositif d'échantillonnage probabiliste spécifique:
En 2013 s'est achevé la 4ème année de réalisation de ce nouveau dispositif de suivi.
Nous disposons donc de 2 évaluations successives des effectifs de coqs chanteurs pyrénéens (période 2010-2011 et 2012-2013).
L'application de ce dispositif a permis d'estimer la population totale de coqs chanteurs pyrénéens à 1850 coqs (1600 – 2200 coqs). Dans l'hypothèse d'un sex ratio équilibré chez cette espèce, l'effectif des oiseaux adultes peut être déduit en multipliant le nombre de coqs par deux.
Soit une population estimée en 2013 à environ 3700 adultes [3200-4400] dans les Pyrénées françaises.
Indice d’abondance – nombre de coqs estimés- |
Période 2000-2009
Un effort considérable a été accompli par l'ensemble des partenaires pour renforcer le suivi annuel des places de chant : leur nombre est passé de 64 places en 1999 à 214 en 2009, soit plus de 30 % des places cartographiées par l'O.G.M. (actives ou non).
Toutes les places suivies n'ont pas été intégrées dans l'analyse des tendances : un échantillon a été constitué, atteignant 177 places en 2009, pour veiller à ce que les places, dont les résultats de comptage sont utilisés dans l'analyse, soient réparties sur l'ensemble de la chaîne et que leur nombre, par région naturelle, soit proportionnel au nombre de places supposées exister.
Ces précautions ont permis de constituer un échantillon stratifié représentatif de la situation de chaque compartiment géographique.
Les résultats obtenus, analysés par le logiciel TRIM, montrent une baisse significative d'environ 20 % des effectifs de coqs entre 2000 et 2009.
Depuis 2010
Dans le cadre de l'application du nouveau dispositif d'échantillonnage mis en place en 2010, nous pouvons comparer l'estimation des effectifs sur 2 périodes.
Ce nouveau dispositif ne permet pas encore de parler de tendance à long terme, la période étudiée étant trop courte (2010-2013). Par contre, il permet d'évaluer la variation des effectifs entre la période 1 (2010-2011) et la période 2 (2012-2013).
La population pyrénéenne apparaît globalement stable depuis 2010, même si des disparités existent entre les piémonts qui régressent et la haute chaine qui est stable, voire localement, en légère augmentation.
Le programme de suivi démographique par recensement des oiseaux à l'aide de chiens d'arrêt s'est beaucoup développé au cours des dix dernières années. En 1999, les comptages portaient sur 20 sites alors qu'en 2009, 54 sites, d'une surface totale de près de 70 km², étaient suivis sur l'ensemble de la chaîne des Pyrénées parmi les 74 existants. Depuis 2003, l'effort d'échantillonnage est constant. En moyenne sur la décennie, ce sont 43 sites suivis et 114 poules levées par an.Chaque année, ces comptages permettent de connaître la qualité de la reproduction : elle est bonne à plus de 1,8 jeunes par poule. Elle est mauvaise et ne compense pas la mortalité à moins de 1 jeune par poule.
Indice de reproduction – nombre de jeunes par poules |
Cette mesure de l'indice de reproduction sert à déterminer les possibilités de prélèvements cynégétiques.
La reproduction durant la période 2000-2009 a été plutôt moyenne avec un indice de reproduction annuel moyen de 1,1 jeunes par poule. Elle est toutefois nettement meilleure que pour la décennie 1990-1999 où l'indice de reproduction moyen était de 0,5 jeune par poule (pour un échantillon moyen de 5 sites et de 31 poules levées chaque année).
En France, la chasse du coq de grand tétras n'est possible que sur le massif des Pyrénées. Potentiellement, il peut être chassé sur les 6 départements pyrénéens. Toutefois, de nombreuses restrictions existent : espaces protégés, saison courte (environ 10 jours), suspension volontaire sur de nombreuses communes, quota par règlement intérieur (Groupements d'Intérêt Cynégétique), plan de chasse légal (en 66 et 64, GIC 09, nul en 11), tir suspendu dans tous les domaniaux depuis 2004, plan de prélèvement assorti d'un Prélèvement Minimum Autorisé (65 et 09).
Finalement, le tir du grand tétras s'exerce sur moins de la moitié des surfaces qu'il occupe. Le nombre d'attributions est déterminé chaque année en fonction du stock d'adultes et de l'indice de reproduction annuel.
Evolution des prélèvements entre 2000 et 2009 - source OGM - Bilan décennal 2000-2009 |
Au cours de la décennie 2000-2009, le nombre de coqs prélevés a été au minimum de 18 coqs en 2008 et au maximum de 69 en 2001. L'évolution des prélèvements, montre une baisse certaine du nombre total d'oiseaux prélevés sur l'ensemble de la chaîne, de l'ordre de -50 % par rapport aux années 2000. Ceci étant dû en partie aux mesures de gestion restrictives mis en place dans certains départements
Le grand tétras est l'espèce qui paie de loin le plus lourd tribut aux câbles aériens parmi toutes les espèces d'oiseaux pyrénéennes. En effet, en 2013, 70 cas de mortalité de grand tétras ont été rapportés depuis le début de l'enquête en 1993, ce qui représente 45 % des cas de mortalité pyrénéens.
A l'origine de ces collisions : 30 téléskis, 11 télésièges et 1 télécorde, répartis sur 20 stations parmi les 31 en activité.
Ainsi, sur l'ensemble du massif des Pyrénées, 36 infrastructures sont aujourd'hui équipées de systèmes de visualisations soit :
Cadavre de grand tétras © J.F Brenot |
Un autre facteur de collision fait l'objet d'un inventaire par l'O.G.M. : les clôtures. Elles peuvent avoir différents rôles : protection de jeunes arbres ou de captages d'eau, délimitation des zones d'estives, etc. Elles sont toutes susceptibles d'être dangereuses pour les oiseaux.
Depuis le début de l'enquête en 2009, 19 cas de mortalité ont été rapportés, dont 12 de grand tétras.